Retour au temple d’acier

Il est le 19 août et je me rends compte que, à part très peu d’exceptions heureuses, j’ai passé l’été à m’occuper de déménagement et de travaux. Et le pire c’est que je suis loin d’avoir terminé. Dans mes rêves les plus fous, je passerais l’été à travailler dans mon nouvel appartement complètement amenagé. Dans mes rêves moyennement fous, tout serait prêt pour la rentrée. Et pourtant, on le sait, la réalité dépasse toujours les rêves. CQFD.

Le bureau, qui n’est toujours pas fini, a rejoint la présentabilité au milieu de la semaine dernière (mais il ne faut pas se plaindre, car j’ai un bureau : yeaaaaaaaiiiiiiih!!!). Et avant cela, il faut avouer que mon coeur n’était pas vraiment au travail. Ou enfin, si, mais à un autre type de travail : poncer, huiler, peindre, visser… Pouf. Mais là, on peut finalement recommencer à carburer et tant mieux car la rentrée approche et avant cela j’ai quand même encore le droit à une semaine de vacances à Naples et à deux jours de colloque à Pise. À suivre.

Pour l’instant, entre réouvertures covid et recouvrement d’une certaine disponibilité intellectuelle, on se fait plaisir :

Oui, ben oui, vous l’aurez compris : j’ai passé deux jours, ou plutôt un jour et demi, au temple d’acier, a.k.a la Bibliothèque Nationale de France. C’était la première fois que j’y retournait depuis une éternité, covid oblige. Et je dois dire que je ne l’ai pas trouvée très changée. Si ce n’était le masque obligatoire et le pass sanitaire à la caféteria, on ne remarquerait même pas qu’on est en temps de pandemie. Il m’a même fallu plusieurs heures pour trouver le gel hydroalcoolique, qui se fondait un peu trop bien dans le paysage…

Décidément, la BnF n’a pas perdu son attention au design, son minimalisme, ses ligne épurées, ses matériaux essentiels et bruts (bois, métal, béton, verre)… Bref, comme le dit leur page consacrée au site François Mittérand, sa « symétrie, clarté, rigueur, équilibre, monumentalité ». Enfin presque…

Tout ça et le fait que… eh bien on rentre dans le bâtiment par le côté est, mais l’entrée dans la bibliothèque de recherche (comme on est interdit de vestiaire) se fait uniquement par le côté des armoires automatiques. Qui bien sûr sont du côté ouest. Et si vous n’avez pas réservé votre place avec assez d’avance et que vous vous retrouvez comme moi chez les éconos (qui, on le sait, ne lisent pas de livres), en gros vous faites ça :

Et si vous y avez été au moins une seule fois, vous savez que le couloir est looooooooong. Ensuite, j’ai eu le bonheur de devoir récupérer une édition de Cicéron en salle W :

Vous me direz : c’est normal, car on n’attend pas qu’un chercheur en économie consulte tous les jours des ouvrages de littérature latine et grecque. Oui, mais ce n’est pas comme si le classement était génial en temps normal. Par exemple : la salle d’« Histoire », ou L, contient les ouvrages d’histoire ancienne et les œuvres des historiens anciens, mais si vous voulez consulter un discours de Cicéron il faut aller comme on l’a dit dans la salle W, dite de « Littératures classiques, littératures orientales et arts » (and a paaaaartriiiidge in a peeeear treeeeeee). Et surtout ne vous faites pas venir l’idée de consulter un poème didascalique grec comme les Phénomènes d’Aristarque, car alors il faudrait aller, logiquement, dans la salle de « Histoire des sciences, sciences fondamentales », c’est-à-dire la R…

Je ne vous dis pas le fou-rire quand je m’en suis rendue compte, après avoir été dans la salle W, très naïvement, pour chercher ‘Aristarque’ en ordre alphabétique dans les auteurs de littérature grecque. Non, mais sérieusement. J’aimerai voir l’ensemble des historiens des sciences qui ont consulté les Phénomènes d’Aristarque dans leur vie, et à la BnF. Car à mon avis il est vide.

Mais bon, que voulez-vous ? Le temple d’acier n’est pas une terre pour les hommes. Seulement pour les livres (ou tout au plus pour les chèvres).

Mais non, mais non, que j’aime bien le temple d’acier. J’y suis attachée désormais. 🙂 Et vous, qu’en pensez-vous ?

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